L’indispensable amélioration de l’efficacité de la démocratie requiert l’intervention de la science

La démocratie recule dans le monde. Quel que soit l’étalon choisi, surface, population, poids économique, influence des pays qui s’en réclament, la démocratie ne stagne pas, elle régresse. De plus, les nations démocratiques les mieux établies sont toutes, à des degrés divers, menacées de l’intérieur par le populisme. Leurs divers problèmes ont fait l’objet de réflexions pour beaucoup remarquables. Pourtant, j’y trouve un angle mort : celui de l’efficacité. L’allocation et l’utilisation de ressources étant limitées, l’efficacité est essentielle à la vie démocratique. Elle ne doit pas être entendue au sens étroit de l’optimisation des profits, des investissements ou du travail productif. Au contraire, elle renvoie aux promesses de la démocratie et aux attentes de la société. La notion d’efficacité est profondément sociale. Elle n’est ni de droite ni de gauche. Elle est tout simplement démocratique.
Que l’efficacité (sociale) soit indispensable pour le bien-être des citoyens suffit à la légitimer. Mais il existe une seconde raison : il est nécessaire que les régimes démocratiques soient compétitifs avec leurs concurrents autoritaires sur le marché international des systèmes politiques. Or cette compétition est aujourd’hui plus intense (à cause notamment de la montée en puissance de la Chine), et plus lisible, (parce que les comparaisons internationales s’imposent à tous sur les sujets de dimension planétaire comme la pandémie de Covid 19, le réchauffement climatique et les pollutions de notre monde).
Pour défendre la démocratie et la sortir de cette phase difficile, il ne suffit pas d’en affirmer les principes opérationnels et les valeurs. Il faut reconnaitre que la science est indispensable dans toutes ses dimensions : connaissances, innovations et méthode scientifique, qu’il s’agisse de sciences « dures » (dont celles de la complexité) ou de sciences humaines et sociales. La science nous aide et nous aidera à résoudre nombre de nos problèmes, à condition de ne pas en saper les avancées au nom d’idéologies rétrogrades. Bien sûr, la science est nécessaire et pas suffisante. Les valeurs d’altruisme, de solidarité et d’autres sont critiques pour bâtir les démocraties sociales de contribution et de partage qui devraient être notre boussole commune. Les années qui viennent seront difficiles. Quelle que soit la route, il faudra accroître l’efficacité de la démocratie et nous aurons besoin de beaucoup de science.